Diary of the Dead
Si ça n'a pas eu lieu devant la caméra, c'est que ça n'a pas eu vraiment lieu.
Depuis quelques années, ou en tout cas il y a encore quelques temps, on avait pu constater le come-back des morts-vivant dans les films d'horreurs, un peu comme celui des imprimés animaux et fleuris dans le monde de la mode. Et bien parfois c'est réussi, d'autres pas. Là on doit bien avouer qu'on a affaire à un maître en la matière. Romero, ça reste quand même un peu la référence en terme de films de zombies. Je reconnais là le talent.
Pourtant, parfois, au cours de ce film, tu vas te demander : Peur, où es tu ? J'ai ouvert ma fenêtre sur une nuit noire et j'ai même pas vérifié la sûreté des 3 pièces de mon appartement exprès pour t'accueillir à bras ouverts. Et du coup tu seras peut-être déçus. Mais je t'arrête là.
Une fois le film terminé, je mets mon cerveau en marche. Beaucoup d'entre vous s'attendent, en voyant le nom de Romero, à avoir peur. Attentes justifiées et validées. Et là, moi, je me dis une chose. Et si les zombies, l'horreur et tout le reste n'étaient qu'une simple toile de fond servant au réalisateur à tout simplement nous délivrer son message ?
Je m'explique : Ici je ne pense pas qu'il soit nécessaire de s'attarder sur la peur pour apprécier le film. Je ne dis pas que le but de Roméro n'était pas ici de nous faire peur, parce que jusqu'à preuve du contraire, je ne m'introduis pas subrepticement dans le cerveau des gens. En plus de ça, je cite son personnage principal : Car j'espère vraiment vous faire peur . Avec ça on a de quoi se dire qu'on espère nous faire peur, mais je ne préfère pas m'avancer là dessus parce que mine de rien, ma fenêtre est toujours vachement ouverte.
Alors donc je me dis : Tant pis si j'ai pas si peur que ça, car à y bien regarder, le message que nous délivre Romero est bien joli et bien juste. Je ne pense donc pas que l'horreur soit le thème principal du film, ce qui "fait" le film, mais qu'elle reste un prétexte et une toile de fond à la critique. Celle des médias certes, mais aussi, en y pensant bien, celle de nos toutes nouvelles générations. Ces habitudes que nous avons de tout filmer, tout immortaliser, pour satisfaire parfois des besoins affectifs, parfois pire. Comme il est dit dans le film : lorsque nous sommes témoin d'un accident ou autre chose, on s'arrête, et bien souvent, pas pour aider, simplement pour regarder. N'oublions pas que même en temps que spectateurs, nous sommes placés en position de voyeurs. On ne voit pas ce qu'on devrait voir, parfois même on voit ce qu'on ne devrait pas avoir le droit de voir. Mais on regarde, parfois à travers les yeux d'un réalisateur, parfois par notre propre regard. Et grâce à l'évolution des technologies, on filme.
Le chaos qui règne dans le film est là pour nous montrer que même dans les pires situations, nous sommes capable de rester par curiosité et pas par bonté.
Finalement ici, un survival horreur peut s'avérer d'une poésie noire, en quelque sorte.
Les toutes dernières phrases du film, prononcées sur un noir Alors à vous de me le dire. Est ce qu'on mérite d'être sauvés ? sont, après tout le film, d'une certaine justesse. Car Romero arrive à nous faire dire que finalement peut être pas. Peut être qu'ils méritent de crever là, et tous les autres aussi.
Un message peut être un peu niais quand il est délivré par mes soins, je vous l'accorde, mais qui n'en est pas moins vrai à mes yeux lorsque le film se termine, bien qu'il reste radical.
Diary of the Dead - George A. Romero